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dimanche 17 octobre 2010

La Maison du Plaisir Eternel (suite)

Fiesta barbecue over.
La quarantaine de japonais présent sont repartis après moult courbettes, la maison est clean et les bloogers ricanent dans maison isolée au milieu de rizières en essayant de travailler correctement pour Shikoku Muchijin. Avec le bruit des grillons on se croirait en été !
Je suis revenu à la table à BBQ tandis que les 2 jeunes bleurgueurs bossent en haut dans la poilade. Mais eux c'est des cadors du net, pas moi, je dois encore veiller argl !
Je vous rappelle donc que vous avez intéret à aller voir chez eux pour avoir enfin des infos sérieuses et des belles photos :
http://www.fujijardins.com/
http://stevegaudinphotography.posterous.com/

Pour revenir à la Maison du Plaisir Éternel, si vous avez lu le bloggo-report de Thierry je pourrai difficilement faire mieux et sur celui de Steve vous trouverez des photos NB très classes qui rendent parfaitement cette atmoSphère de concentration sur l'instant.

Mais quand même,voici quelques petits trucs à savoir sur le sujet et notre expérience :
La cérémonie du thé au Japon, appelé aussi chanoyu (茶の湯), sadō (茶道), ou chadō (茶道) est un rituel traditionnel influencé par le zen dans lequel le thé vert en poudre, ou matcha (抹茶), est préparé de manière cérémoniale par un praticien expérimenté et est servi à un petit groupe d'invités dans un cadre calme ce qui était notre cas.
Chanoyu (茶の湯, littéralement « eau chaude pour le thé »), se réfère habituellement à la cérémonie à elle seule, alors que sadō ou chadō (茶道, ou « le chemin du thé ») représente l'étude ou la doctrine de la cérémonie du thé. Plus particulièrement, le terme chaji (茶事) se rapporte à la cérémonie du thé complète avec le kaiseki (un repas léger), l’usucha (薄茶, thé léger) et le koicha (濃茶, thé fort), durant approximativement quatre heures. C'est exactement le temps que nous avons passé dans la maison du PlaIsir Éternel.
Du fait qu'un praticien de la cérémonie du thé doit être familier avec la production et les différents types de thés, avec les kimono, la calligraphie, les ikebana, les céramiques, l'encens, et un large ensemble d'autres disciplines et arts traditionnels en plus des pratiques du thé enseignées dans son école, l'étude de la cérémonie du thé prend de nombreuses années et souvent toute une vie. Même pour participer en tant qu'invité dans une cérémonie du thé formelle, une connaissance du sadō est requise, incluant les gestes recommandés, les phrases à dire par les invités, la bonne manière pour boire le thé et la tenue générale à adopter dans la salle où est servi le thé.
Inutile de vous dire que j'ai eu du bol de ne pas être mis à la porte à coup de getta.

La cérémonie du thé fut développée comme une « pratique de la transformation » et commença à évoluer avec sa propre esthétique. C'est le cas, tout spécialement, du wabi. Wabi (侘び, signifie raffinement sobre et calme) est caractérisé par l'humilité, la contrainte, la simplicité, le naturalisme, la profondeur, l'imperfection et l'asymétrie qui met en valeur la simplicité à travers des objets non-ornés, des espaces architecturaux et la célébration de la beauté que le temps et l'attention donne au matériaux.


Sen no Rikyū, sans doute la figure historique la plus connue de la cérémonie du thé, introduit le concept de ichi-go ichi-e, (一期一会, littéralement « une fois, une rencontre »), une croyance selon laquelle chaque rencontre devrait être considérée comme un trésor qui ne pourra jamais se reproduire. Ses enseignements conduisent au développement de nouvelles formes d'architecture et de jardin, d'arts et mène au développement complet du sadō. Les principes qu'il transmit — harmonie (和 wa), respect (敬 kei), pureté (清 sei), et tranquillité (寂 jaku) — sont encore au centre de la cérémonie du thé de nos jours.

L’hôte, homme ou femme, porte habituellement un kimono alors que les invités peuvent porter des kimono ou des vêtements formels sombres.


Nous,  on étaient fraîchement déguisés en henrô-san (pèlerins) avec en plus pour moi ma banane traditionnelle.
Nous avons attendu dans un jardin couvert jusqu’au moment où l'hôtesse nous convoqua.


Mais nous avions nos dames patronnesses qui non seulement étaient là pour nous guider dans le rituel mais aussi (on l'a vu plus tard) pour parfaire la formation de notre hotesse. On se purifia rituellement en se lavant les mains et en se rinçant la bouche dans un bassin en pierre.



On se diriga alors vers le « tokonoma », ou alcôve, où l'on admira les parchemins ou les peintures. Puis, on s'est assis dans la position seiza ou en tailleur sur le tatami pour les douillets Gaudins des terres de l'Ouest (je n'inclue pas Thierry dont l'entrainement au kendô permet ce genre de perf'), normalement  par ordre de prestige. Là le boss c'était Steve, le fayot, tout ça parce qu'il parle le cha-ponais sans doute !


Les maisons du thé et les salles du thé sont généralement petites. La taille typique du sol est d'environ 4 tatamis et demi. Les matériaux de construction et les décorations sont délibérément simples et rustiques, la lumière est faible sans être de la pénombre.
Un repas léger et simple, appelé « kaiseki » (懐石) ou « chakaiseki » (茶懐石) et néanmoins délicieux et raffiné, nous fut servi.



Suivi par du saké bu dans des coupes plates comme dans les films de samourai, la classe ! Je dois avouer que ce que je préfère dans cette longue cérémonie du thé c'est le saké LOL!


Bon ensuite on  retourne alors au "jardin d'attente" couvert jusqu'à ce qu’on soit à nouveau appelés par l'hôtesse.


On mange alors de petites friandises.


Les friandises sont grignotées à l'aide d'un papier spécial appelé kaishi (懐紙); normalement chaque invité apporte le sien, souvent dans un petit portefeuille décoré. Mais bon, j'avais que des emballages de chewing-gum, Banana PWNED.
Chaque ustensile — incluant le bol à thé (chawan), le fouet (chasen) et l'écope à thé (chasaku) — est rituellement nettoyé en présence des invités dans un ordre déterminé et en utilisant des gestes très précis.

Les ustensiles sont placés dans l’ordre exact de rangement en accord avec le rituel qui suivra. Chaque élément déposé sur le tatami est fait avec un étonnant sens de la composition dans l'espace. Moi, c'est simple, ça me monte directement au cerveau et j'ai les yeux qui piquent !



Lorsque le rituel de nettoyage et de préparation des ustensiles est complet, l’hôte place une quantité mesurée de thé vert en poudre dans le bol et ajoute la quantité appropriée d’eau chaude, puis fouette le thé en utilisant des mouvements prédéfinis. Hyper beau !


La conversation est gardée à son minimum. Normalement haha mais bon fallait nous expliquer alors…
On se relaxe et on apprécie l'atmosphère créée par les sons de l'eau et du feu, l’odeur de l’encens et du thé, la beauté et la simplicité de la maison du thé et les décorations saisonnières appropriées. Et aussi la grâce touchante de nos hôtesse en kimono car , même si leur jeunesse s'est enfuie leur grâce reste, sinjinarenai, incroyab'!
Le bol est alors servi aux invités d’honneur (初客, shokyaku, littéralement le « premier invité ») par la jeune hôtesse. Des courbettes avec des positions de mains très précises sont échangées entre l’hôtesse et l’invité d'honneur. L’invité Steve se courbe ensuite devant le second invité, Thierry, et lève son bol dans un geste de respect pour l’hôtesse en disant "osakini". L’invité tourne le bol afin d'éviter de boire sur son avant, en boit une petite gorgée, murmure une phrase prédéfinie, genre WTF, puis prend deux ou trois nouvelles gorgées avant d'essuyer le bord, tourne le bol dans sa position originelle et le passe à l'invité suivant tout en le saluant. Cette procédure est répétée jusqu'à ce que tous les invités aient pris le thé à partir du même bol. Un peu comme la cérémonie du joint chez les tribus hippies.


Le bol est alors redonné à l'hôtesse. Dans certaines cérémonies, chaque invité boit dans un bol individuel, mais l’ordre dans lequel le thé est servi et bu est le même.
C'est le thé fort, koicha, qui a été servi, presque pâteux, vert très sombre, doux et très long en bouche. Après, l’hôtesse prépare un thé léger, ou usucha, qui est servi de la même manière.
Une fois que les invités ont chacun bu le thé, l’hôte nettoie les ustensiles. L’invité d'honneur demande à l’hôte d’autoriser les invités à examiner les ustensiles et chacun leur tour, les invités examinent et admirent chaque objet, incluant l’écope à eau, la boîte à thé, l’écope à thé, le fouet à thé, et, le plus important, le bol à thé.


Les objets sont traités avec une extrême précaution et avec révérence car ils sont fréquemment sans prix, irremplaçables, des antiquités faites à la main, et les invités utilisent souvent un morceau de tissu spécial pour les tenir. Le notre avant quelques centaines d'années, c'était pas le moment de le faire tomber comme dans un dîner de cons, j'ai failli mais non.


L’hôtesse récupère ensuite les ustensiles et les invités quittent la maison du thé.


 Puis les deux assitantes/hôtesses/sensei sortent aussi.

Puis enfin l'hôtesse vient nous saluer et la cérémonie prend fin.


On a eu un petit bonus, sur la demande de Thierry, qui pratique avec ferveur le chanoyu au pays du foie gras,  nous avons eu accès au saint des saint, la "cuisine" où est préparée la cérémonie.

Quatre heures avaient passé depuis notre arrivée !
On en ressort tout étourdi.
Frappé par la beauté de l'enchainement des gestes et des actions dans la concentration totale, le respect et l'attention à l'autre avec une profonde gentilesse ainsi que la sensation de vivre un moment unique et magique.
Time slip, un vrai voyage dans le temps !
Je fais sanpai, trois prosternations vers la Maison du Plaisir Éternel et ses hôtes!


Puis, en fin d'après-midi, Osaki san nous a emené dasn l'atelier d'un calligraphe, Hirasa san.
70 ans, toutes ses dents et une pèche d'enfer, nous nous sommes retrouvés à nous essayer à la magie du pinceau de l'encre et du papier en compagnie de ce calligraphe atypique de Marugame, qui a aménagé son atelier dans un ancien restaurant à l'architecture en bois bizarroide et qui expose régulièrement en Europe.
Quelqu'un qui s'appuie lui aussi sur une tradition séculaire mais dont la forte personalité le pousse à trangresser quelques règles classiques pour s'exprimer avec force.
Malheureusement je n'avais plus de batterie pour raporter son travail mais croyez moi sur parole, là nous avions affaire à une tout autre approche de la Voie.
Avec le cérémonie du thé, nous avons gouté à la beauté des rituels polis par les générations de pratiquants dans un cadre en apparence rigide mais où la créativité s'exprime dans l'agencement des multiples éléments qui la composent.
Puis, avec la visite chez le calligraphe punk de 70 balais, nous avons apprécié la beauté sauvage d'un artiste à la forte personnalité artistique s'appuyant lui aussi sur un pratique tout aussi codifiée et ritualisée mais tout en s'affranchissant de certaines règles pour créer son propre monde.

Au risque bien sur de foirer mais ça c'est le risque éternel  de la création et de l'égo hahaha !

@ + !

1 commentaire:

  1. Mais dis donc, c'est pire qu'un article du CNRS ! C'est une véritable encybullpédie universalshit ! LOL

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